mardi 15 septembre 2015

Trump, en piste pour le show de télé-réalité The Prezz

Steve Cutts
[Trump for Prezz]

Allez-y, élisez, nommez, adoubez et faites tout ce que vous voulez avec les Prezzidents. Ça ne fait rien. Parce que savoir qui est président n’a pas d’importance, et cela en aura encore moins pour qui jouera au dernier jeu de télé-réalité The Prezz pour les quatre prochaines années.

En ce qui concerne les présidents récents, nous avions Bush, qui a dit des mensonges sur l’Irak et l’Afghanistan (pour ne citer qu’eux), qui a été tenu en laisse par un groupe d’initiés de Wall Street et dont l’équipe de politique étrangère a été menée par des néocons meurtriers. Et puis nous avons eu Obama, qui a dit des mensonges sur la Libye, la Syrie et l’Ukraine (pour ne citer que ces pays), qui est tenu en laisse par un groupe d’initiés de Wall Street et dont l’équipe de politique étrangère a été vomie par des néocons meurtriers. La seule différence est que Obama avait promis un tas de choses, vous savez, «Yes we can!». Et rien ne s’est passé. Bush a joué à l’idiot du village, Obama fait semblant d’être intelligent, mais les deux sont tout simplement sordides. Pour trouver un président qui n’était pas un menteur vicieux, vous devez remonter à Jimmy Carter. Mais ça n’a pas d’importance qu’il ait été un vrai président ; tout ce qu’il a fait a été défait par les politiciens tordus qui l’ont suivi.

Mais Trump est différent. En vérité il est parfaitement adapté, comme une figure de proue ornementale, pour ce que les États-Unis sont devenus dans leur sénescence et leurs décrépitude.

Voici une courte liste de choses qui font de lui un choix idéal dans le rôle de The Prezz pour la télé-réalité.

1. Trump est juste une pub, une image de lui-même avec le mot Trump dessus, et le baratin d’un vendeur : je suis un gars intelligent, je sais comment conclure des accords, bla bla bla. Et il se trouve qu’à cet instant précis, les États-Unis sont également juste une pub, un drapeau avec des bandes et du verbiage qui sonne incroyablement creux : nation indispensable, liberté, démocratie, gendarme du monde, bla bla bla. Bon, on peut dire que dans le passé les États-Unis ont représenté quelque chose : la primauté de la loi, le droit de s’occuper soi-même de ses propres affaires, la capacité de faire avancer les choses. Mais maintenant, ce n’est plus que synonyme d’anarchie. Combien de types de Wall Street ont fini en prison pour leurs transgressions ces dernières années? Aucun. Ils ne se font même pas taper sur les doigts ; ils passent au travers juste en payant une amende. Combien de personnes sans armes ont été abattues par la police ces derniers temps? Beaucoup. Est-ce que, pour autant, des flics sont allés en prison pour ce qui équivaut à un assassinat? Non, ils représentent même un état policier de surveillance qui ferait rougir Staline : votre droit à la vie privée a été éliminé. Et la capacité de faire avancer les choses a déménagé à l’étranger ; tout ce qui reste aux États-Unis est un groupe de grands monopoles malhonnêtes, en médecine, dans l’éducation, le logement, l’énergie, en plus d’une bulle technologique extravagante basée sur des produits importés à durée de vie réduite et des morceaux de logiciels assemblés par des ingénieurs branchés, surdopés à la caféine. Est-ce qu’une seule de ces choses vous donne envie de sauter en l’air en criant Whaou génial? Ou On est les meilleurs? Eh bien, non, tout ce qui vous reste est le drapeau rayé. Alors, allez-y, agitez le!

2. Trump est une marchandise avariée mais s’arrange pour mettre en avant un visage courageux prêt à agir avec succès en toute occasion. Un grand nombre des affaires dont il se vante ont mal tourné, et beaucoup de ce qu’il a construit a fait faillite. Si vous regardez sa richesse, la plus grande partie est immatérielle et éphémère – une tentative pour mettre une valeur de marché sur différents morceaux de poudre aux yeux et d’esbroufe. Maintenant, il poursuit en justice les casinos Trump en faillite qui osent continuer à utiliser son nom, ternissant ainsi sa marque. Voilà une attitude gagnante! Lorsque vous perdez, assurez-vous de balancer une grenade à main derrière votre épaule gauche pendant que vous fuyez. Encore une fois, ceci colle parfaitement aux États-Unis dans leur état actuel : situés à l’épicentre du trou noir d’une dette truquée qui peut exploser à tout moment, avec une économie en baisse depuis le début de ce siècle, deux faits qu’aucune montagne de fraude comptable ne peut cacher. Ajoutez à cela un héritage de fiascos en politique étrangère très dommageables et embarrassants. Pourquoi y-a-t-il une crise des réfugiés en Europe en ce moment? Because l’Amérique – Voila tout! Si les États-Unis n’avaient pas piétiné et ruiné l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie et l’Ukraine alors il n’y aurait pas de crise de réfugiés en Europe en ce moment. Un pays dont la fortune et la réputation ont toutes les deux été ruinées a besoin d’une figure de proue ornementale qui peut fulminer et déblatérer toute seule dans le vide comme un perdant.

3. La plupart de ce que propose Trump est illégal. Je n’ai pas tout étudié de façon exhaustive, mais je l’ai fait sur quelques un de ses discours, et j’ai fait une encoche à chaque fois qu’il a proposé de faire quelque chose, s’il était élu, qui contredisait la législation nationale en vigueur, le droit international ou les traités internationaux. J’ai fait beaucoup d’encoches. Encore une fois, ceci est en parfaite adéquation : les États-Unis sont un pays qui bafoue le droit international sur une base régulière, refuse de poursuivre et de mettre en prison son élite financière et viole les droits humains à travers des pratiques telles que la torture, la détention indéfinie et la rétention extraordinaire. Il tente également de faire des lois contraignantes pour le reste du monde par des actes tels que la FATCA, qui exigent des banques à travers le monde de lui fournir des informations sur leurs clients, même lorsque la transaction ne concerne pas les intérêts ou les citoyens des États-Unis. [Comme la notion d’extraterritorialité du dollar pour mettre des amendes à qui ils veulent comme la BNP, ou le Crédit Agricole, organisant un système de racket, NdT]. Ainsi, un The Prezz qui ne sait pas distinguer ce qui est légal de ce qui ne l’est pas ne serait pas un problème du tout. En fait, un The Prezz qui chercherait à obtenir le meilleur avec des notions désuètes comme respecter la loi et la Constitution serait un désavantage dans les circonstances actuelles du fiasco national.

4. Ce qui sort de la bouche de Trump peut paraître enfantin, mais c’est ce que les Américains pensent réellement et veulent entendre dire publiquement. On a vu la mise en place aux États-Unis d’une sorte de langue de bois politiquement correcte, ce qui a forcé les gens à devenir très timides quand ils prennent la parole, de peur d’offenser quelqu’un. Trump n’a pas peur d’offenser quiconque et c’est très sain. D’autre part, la police de la langue,est le fait d’un groupe d’hommes très malsains : ils ne sont pas outragés ou offensés par les outrages et les infractions réelles, à condition qu’ils soient dits avec les mots politiquement corrects, car tout n’est question que des limites imposées à la langue.

L’utilisation politiquement incorrecte de la terminologie par des personnalités publiques génère un déchaînement de tweets jusqu’à ce que le personnage public en question se tweete en excuses publiques. Mais Trump ne présente pas ses excuses. Vous êtes offensé? Ne soyez pas si fragile! Vous n’avez jamais été aussi offensé, avant? Vous devriez sortir plus souvent! Bien sûr, il devrait y avoir des limites strictes sur les discours de haine. Il devrait également y avoir des limites à l’obscénité, de sorte que nos enfants ne grandissent pas en ressemblant à des foutus pirates. Mais quand il en vient à exprimer des opinions sur des sujets controversés, bien sûr que quelqu’un va être offensé, ou l’opinion ne vaudrait pas d’être exprimée. Donc Trump est un souffle d’air frais réel quand il vient à libérer la parole ou ce qu’il en reste aux États-Unis.

5. Trump semble être un peu fasciste. Il est très populaire chez les suprématistes blancs, les vigilants anti-immigrés et les membres de la classe ouvrière blanche anciennement privilégiée, mais maintenant privée de ses droits et mécontente, qui se plaint sans cesse des Ferners [Foreigners : étrangers, Ndt] qui prennent leurs jerbs [Jobs, Ndt]. Cela peut ne pas sembler très positif, mais il est mauvais de réprimer ses sentiments pour toujours. Il en résulte toutes sortes de mauvaises choses, comme des insurrections terroristes domestiques. Il est préférable de donner une voix à ces gens, leur donner un candidat pour qui voter (rappelez-vous, cela n’a pas d’importance de savoir qui obtient le rôle de The Prezz), regarder leur champion renier complètement ses promesses, ce qu’il fera, parce que son argent vient d’ailleurs, et ils finiront par être politiquement laminés comme l’a été le mouvement Occupy Wall Street puis ils repartiront tranquillement chez eux pour chialer dans leur pisse d’âne de bière tiédasse.

Mais quoi, vous pourriez peut-être vous demander si Trump est vraiment un fasciste? Eh bien, peu importe qui devient The Prezz. En plus, on est un peu un pays fasciste de toute façon, vous savez – le militarisme hors de contrôle, la domination rampante des grands monopoles, l’état de surveillance omniprésent, le système de justice truqué, le gouffre béant entre les super-riches et le reste – sont tous des caractéristiques singulières du fascisme. Donc, l’élection d’un The Prezz à consonante quelque peu fasciste est juste une façon d’appeler une croix gammée une croix gammée.

Donc, voici cinq bonnes raisons pour lesquelles Trump ferait un parfait The Prezz. Mais il a besoin d’un colistier. Ça ne serait pas beau d’avoir une femme The Vice–Prezz? Cela fait deux cycles électoraux qu’une spectaculaire bimbo écervelée, comme Sarah Palin, n’a pas obtenu quelques points de pourcentage pour la vice-Prezzidence ; peut-être qu’il est temps d’essayer à nouveau. Et je propose donc Kim Kardashian comme colistière de Trump. Non pas Kim Kardashian elle-même, elle n’en serait pas capable, mais, plus spécifiquement, son incroyable cul. Elle a un derrière somptueux qui, j’en suis sûr, permettra à l’Amérique de se sentir à nouveau fière.

En outre, je propose que Trump épouse son cul [Hum … celui de Kim, pas le sien, Ndt], et de faire une sorte de famille royale nationale du cul. Elle serait la The Vice-Prezz et la Première Dame-Cul, de quoi faire deux culs d’un coup, si vous voulez! [Ou 3 gratte-ciels avec 2 avions … Ndt] Oui, il faudrait une autre entorse aux lois sur le mariage pour rendre possible l’union d’un homme et des fesses d’une femme. Mais la Cour suprême semble joueuse, à ses heures, pour ces entorses, avec un avantage supplémentaire, quand viendra le temps pour M. Trump de divorcer (et il viendra), le pape ne sera que trop heureux d’annuler une telle union.

Enfin, je recommande que le couple royal se passe des habituelles conférences de presse sans intérêt de la Maison Blanche, le bla-bla et tout le reste. Au lieu de cela, la série relookée Trump, Maison Blanche et Casino devrait fonctionner comme une émission de télé-réalité.

• Dans le premier épisode, Trump convoque le Comité fédéral de surveillance des marchés libres pour leur dire : «Vous êtes virés!»
• Dans le deuxième épisode, Trump convoque les chefs d’état-major et leur dit : «Vous êtes virés!»
• Dans le troisième épisode, Trump convoque les juges de la Cour suprême et leur dit : «Vous êtes virés!»
• Et ainsi de suite jusqu’au Conseil de sécurité des Nations unies, au G7 et à la collégiale des Cardinaux.

Mais vous-vous dites : Attendez, ça ne serait pas illégal?

Réponse avec les mots immortels de Sarah Palin, « Ya betcha! »

[Tu paries! … que je peux faire n’importe quoi ! Absolument oui sans problème, Ndt]

Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone